RJH : une machine pour accélérer le temps ...

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RJH : une machine pour accélérer le temps ... et le développement du Val de Durance.

Parmi les grands projets d'importance pour le développement du Val de Durance figure ITER mais aussi, moins connu, le RJH, nom de code pour Réacteur Jules Horowitz[1].

 

Le Réacteur Jules Horowitz est un réacteur de recherche qui sera implanté à Cadarache. Destiné à l’étude des matériaux et combustibles des réacteurs nucléaires actuels et futurs ainsi qu’à la production de radioéléments à usage thérapeutique, il constitue une infrastructure majeure de l’Espace Européen de la Recherche avec un fort impact régional et plus particulièrement pour le développement économique en Val de Durance.

 

L'infrastructure RJH est constituée d'un bâtiment réacteur et d'un bâtiment auxiliaire, reliés par un canal en eau pour permettre le transfert des échantillons expérimentaux.

Le cœur du RJH génère 100MW dans un volume réduit ("de la taille d'une machine à laver"). Cette forte densité de puissance permet de générer un flux très important de neutrons afin de simuler les endommagements des matériaux et combustibles sous irradiation.

Le cœur peut accueillir une vingtaine d'expériences simultanées.

 

RJH : pour accélérer le temps ...

L'objectif du RJH est simple : accélérer le temps. En effet, l'impact des neutrons dans un réacteur nucléaire modifie peu à peu les propriétés des matériaux. Certains éléments du réacteur restent plusieurs dizaines d'années et doivent conserver leurs performances. Il est impossible d'attendre autant de temps pour tester de nouveaux matériaux ou bien garantir la fiabilité du réacteur. Aussi, on cherche à augmenter le nombre d'impacts pour faire "vieillir" les matériaux plus rapidement. C'est pourquoi, la densité de puissance du RJH est si importante.

Il est important de savoir aussi que la structure des matériaux se modifie de manière différente en fonction de la température. A plus haute température, il est en effet plus facile aux matériaux de s'auto-réparer. A contrario, à plus faible température, les défauts provoqués par les chocs des neutrons s'accumulent dans le matériau qui se fragilise. Pour tester un matériau, il est donc primordial de maîtriser finement la température.

 

... et pour produire des radioéléments pour la médecine

Les nouvelles technologies d’imagerie médicale utilisent des radioéléments qui ont une durée de vie très courte (quelques heures à quelques jours). Ils doivent donc être produits en permanence. Le RJH permettra de satisfaire 25 % des besoins européens, jusqu’à 50 % si nécessaire. Le RJH remplacera le réacteur de recherche Osiris implanté à Saclay (Essonne) qui sera arrêté définitivement au début de la prochaine décennie.

 

Apports de la construction du RJH au tissu régional

Le lancement de la construction du réacteur Jules Horowitz a été officialisé le 19 mars 2007 par le ministre délégué à l’industrie et par la signature d’un accord de Consortium entre huit partenaires européens : CEA, EDF, AREVA, CIEMAT (Espagne), SCK-CEN (Belgique), NRI (République Tchèque), VATTENFALL (Suède), VTT (Finlande).

Ce consortium assure 100% du financement de la construction, soit 500M€2005 de 2006 à 2014.

 

La réalisation de l’infrastructure RJH est soutenue par la Commission Européenne. Le DAE (Inde) et le JAEA (Japon) sont aussi partenaire du projet.

Sur les 500M€2005 de coût de réalisation, 300M€2005 seront dépensés en région PACA sur la période 2006 à 2014 et concerneront les marchés d’ingénierie et de matériel et travaux.

 

La phase de construction (2007-2014) du RJH générera en moyenne de 100 à 300 emplois directs et de 300 à 1 000 emplois indirects selon les phases du chantier.

 

Apports dans sa phase d’exploitation

Les dispositifs expérimentaux qui seront introduits dans le réacteur RJH sont un enjeu important du projet. Ces dispositifs permettent de soumettre des échantillons de matériaux et de combustibles à des flux de neutrons très intenses, dans des conditions de pression, de température et de chimie représentatives des environnements caractéristiques des réacteurs nucléaires de puissance. La plus grande attention est apportée pour développer des solutions afin d'améliorer les précisions de mesure et, en particulier, en ligne dans le réacteur.

Leurs développements feront appel aux entreprises régionales dans les domaines de la mécanique de précision et de l’instrumentation.

 

Le RJH est une installation de recherche qui sera exploitée sur une période de 50 ans. Le budget de fonctionnement annuel sera de l’ordre de 25M€ à 35M€. Le RJH fonctionnera avec une équipe de l'ordre de 150 personnes, sans compter les chercheurs et techniciens impliqués dans les programmes de recherche déployés sur le RJH.

Les activités RJH sont scientifiques et requièrent un développement technologique continu pour son volet expérimental. A ce titre, le RJH nécessite un renforcement significatif du flux d’étudiants sur Cadarache sur des cursus de techniciens et ingénieurs.

 

Pour plus d'information :

http://www-cad.cea.fr/fr/entreprises/projets/rjh/

Plaquette de présentation : http://www-cad.cea.fr/fr/entreprises/pdf/rjh-plaq_def_web.pdf


Par Gilles Bignan et Guy Willermoz


[1] Jules Horowitz (1921-1995) est un des grands physiciens français. Son apport scientifique a été primordial pour le développement de l'énergie nucléaire.

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